Collecting 101

1.

Histoire

Le goût de l’aventure est profondément ancré dans l’histoire de la marque. En 1835, Louis Vuitton, alors âgé de 13 ans, quitte sa maison du Jura et part seul à pied pour Paris. Plus de deux ans plus tard, après un périple de 470 km ponctué de petits boulots en tous genres pour subsister, il arrive à destination. Déterminé à devenir malletier, il commence son apprentissage chez le célèbre fabricant Monsieur Maréchal.

Au cours des 17 années suivantes, Louis Vuitton parfait son art, créant des bagages sur mesure pour ses clients, avant d'ouvrir son propre atelier non loin de la place Vendôme. Alliant savoir-faire et sens aigu de l'innovation, son travail connaît rapidement le succès. En 1859, face à une demande croissante, Louis Vuitton déménage son activité à Asnières, près de Paris, afin de disposer d'un atelier plus grand. C'est ici que, génération après génération, la famille Vuitton va apprendre l'art de la malleterie. Encore aujourd'hui, c'est là que les pièces phares sont confectionnées.

À la mort de Louis Vuitton en 1892, l'entreprise est transmise à son fils, Georges, qui élargit son offre en produisant des bagages plus petits. Les propriétaires successifs ont continué à ajouter de nouvelles collections, et l'enseigne Louis Vuitton produit désormais des vêtements, des accessoires et des bijoux, ainsi qu'une multitude de bagages et d'articles en cuir.

2.

L'Art du Voyage

Le succès précoce de Louis Vuitton en tant que fabricant de bagages coïncide avec l’essor des voyages de luxe au XIXe siècle. Le développement des chemins de fer et des bateaux à vapeur en Europe permet aux gens des classes aisées de voyager plus loin et plus longtemps. Ils doivent pour cela emporter une quantité importante de bagages avec eux. La première innovation de Vuitton répond parfaitement à ce besoin. En 1858, il conçoit les premières malles à sommet plat qui, contrairement aux modèles arrondis, peuvent être empilées et prendre moins de place en transit.

Il conçoit aussi des modèles pratiques et élégants pour transporter les vêtements, comme cette malle-penderie, adjugée chez Bonhams à 10 062 £, frais inclus. Ce design ingénieux du début du XXesiècle comprend un espace penderie d'un côté et cinq tiroirs encastrés de l'autre. Les voyageurs emportant de plus en plus d'objets de valeur avec eux, la sécurité devient également une préoccupation croissante. Aussi, en 1886, Louis et son fils Georges inventent la serrure à goupilles – une serrure « inviolable » dont on se sert encore aujourd'hui.

En 1896, Georges lance la célèbre toile Monogram en hommage à son père. Il la fait aussi breveter pour éviter les contrefaçons : si cela fut efficace à l'époque, le monogramme LV est depuis devenu l'un des logos les plus contrefaits au monde. La marque Louis Vuitton est restée fidèle à son héritage et continue de produire des bagages rigides et souples pensés pour le voyageur moderne, tels que la valise à roulettes Pégase Légère 55.

3.

Sacs Emblématiques

Le sac à main Alma est un modèle chargé d'histoire. Selon la légende, le tout premier sac Alma aurait été créé pour Coco Chanel dans les années 1920, avant sa commercialisation en 1934. Sa forme incurvée et structurée dans un style Art déco se veut élégante et pratique. Son design très féminin pour un modèle Louis Vuitton en fait un intemporel. L’Alma BB – la plus petite version, dotée d’une bandoulière transversale – est particulièrement recherché. De son côté, le sac seau Noé est plus spacieux et a été conçu en 1932 pour transporter jusqu’à cinq bouteilles de champagne.

Le Keepall voit le jour pour répondre aux besoins des voyageurs modernes. Premier sac souple de la marque, il est léger, flexible et spacieux. Aujourd'hui, ce sac unisexe se décline en quatre tailles et dans des dizaines de versions. En 1930, une version plus petite du Keepall est créée. Dénommé Speedy, ce modèle au design compact est pensé pour la ville avec ses 30 cm de diamètre. En 1965, à la demande d'Audrey Hepburn, un sac Speedy de 25 cm est ajouté à la collection.

Lancé en 2007, le Neverfull est vite devenu une icône. Spacieux et élégant, ce sac fourre-tout emblématique a été maintes fois copié. Il est disponible en trois tailles et dans plusieurs styles, les motifs traditionnels en toile Monogram et Damier restant les plus populaires. Comme un clin d'œil au passé, Louis Vuitton lance en 2013 un sac à main moderne nommé Capucines en l'honneur du tout premier magasin de l'enseigne, ouvert à Paris rue Neuve-des-Capucines. Le sac est réinterprété chaque saison, tout en conservant les initiales LV et les anneaux latéraux qui le caractérisent.

4.

Collaborations

Lorsque Marc Jacobs est nommé directeur artistique de Louis Vuitton en 1997, il transforme cette marque historique en une maison de mode contemporaine. Le créateur est le pionnier des collaborations dans le domaine de la mode, faisant appel à une multitude de talents créatifs pour dépoussiérer les modèles emblématiques. Il a d'abord collaboré avec l'artiste et designer Stephen Sprouse qui, avec son interprétation irrévérencieuse des bagages Louis Vuitton, fait sensation lors du défilé Printemps-Été 2001. Remettant la toile Monogram au goût du jour avec des graffitis fluo, la collection ouvre la marque à un nouveau public plus jeune.

L'année 2003 marque le début de sa collaboration avec Takashi Murakami, un tournant pour Louis Vuitton. Pendant 13 ans, l’artiste pare les sacs à main de touches colorées, de fleurs de cerisier et même de personnages de dessins animés. Ces éditions ont un énorme succès auprès des stars au début des années 2000 et sont aujourd'hui parmi les pièces de collection les plus convoitées.

Après le départ de Marc Jacobs en 2013, Louis Vuitton poursuit sa série de collaborations fructueuses. En 2017, la marque s'associe à Jeff Koons pour créer la ligne de sacs à main Masters. Chaque pièce de la collection capsule est ornée d'une peinture de grand maître, comme ce Turner Neverfull, vendu par Bonhams pour 2 295 £, frais inclus.

5.

Le marché

Les sacs à main et les bagages Louis Vuitton ont une excellente réputation sur le marché secondaire. Les modèles classiques s’envolent généralement jusqu'à 60 % de leur prix de vente – seuls Chanel et Hermès font mieux. Parmi les modèles emblématiques en toile Monogram, le sac Noé est le plus abordable, à partir d'environ 300 £. Les modèles Alma, Keepall et Speedy s'adjugent eux entre 400 et 800 £. Enfin, les sacs Neverfull peuvent atteindre jusqu'à 1 000 £.

Les collaborations artistiques ont une cote plus élevée, comme ce cabas Neverfull Yayoi Kusama. Les sacs en cuir comme le Capucines commencent généralement à environ 1 000 £, avec certaines éditions limitées et peaux exotiques rares atteignant des sommes bien plus élevées. Les malles ont un prix de départ à peu près semblable, mais les pièces intéressantes, telles que les malles-penderies ou les bureaux, peuvent s'adjuger jusqu'à dix fois plus cher.