Artist 101
Aboudia

Ces dernières années, Abdoulaye Diarrassouba, également connu sous le nom d’Aboudia, est devenu l'un des artistes contemporains africains les plus influents.
Connu pour ses grandes toiles et peintures murales très expressives, dans lesquelles se mêlent éléments de graffiti et images inspirées des sculptures ouest-africaines, l'artiste de 39 ans partage désormais son temps entre des studios à Abidjan, en Côte d'Ivoire, et à New York.
Malgré des débuts difficiles et la violence qu'il a rencontrée dans sa jeunesse, Aboudia a véritablement conquis le monde de l'art à l’international, avec un succès particulièrement remarquable sur le marché secondaire.
Avant notre prochaine vente aux enchères d’Art Moderne & Contemporain Africain, qui se déroulera à Paris le 30 novembre, nous souhaitions mettre en avant la carrière de cet artiste fascinant.
1.
Les Débuts
Aboudia est né en 1983 à Abengourou, une petite ville de la Côte d'Ivoire qui se trouve à 200 kilomètres de la capitale financière du pays, Abidjan.
Intéressé par l'art dès son plus jeune âge, Aboudia remporte un concours intitulé « Dessine-moi ton rêve » à l'âge de 15 ans ; encouragé par cette reconnaissance, il décide de poursuivre sa vocation et d'étudier l'art malgré l'opposition ferme de son père. Confronté à des difficultés financières après avoir été chassé de la maison familiale, Aboudia reste déterminé à développer son potentiel artistique et s'inscrit à l'École des arts appliqués de Bingerville en 2003 afin de se perfectionner en peinture murale. En 2005, il obtient son diplôme de l'Institut des Arts d'Abidjan.
2.
L'ascension vers la Célébrité
Les années qui suivent son diplôme sont difficiles pour Aboudia, car il a du mal à trouver une galerie pour exposer ses peintures tandis que son travail reçoit un accueil mitigé. Néanmoins, c'est la représentation courageuse et inébranlable par le jeune artiste de la violence qui sévit à Abidjan qui suscite l'intérêt du monde de l'art et propulse Aboudia sur la scène internationale.
La guerre civile éclate pour la première fois en 2002, lorsque des soldats rebelles prennent le contrôle du nord majoritairement musulman. Une seconde guerre civile frappe de nouveau le pays en mars 2011, suite au conflit qui oppose les forces fidèles à Laurent Gbagbo, président de la Côte d'Ivoire depuis 2000, et les partisans du président élu Alassane Ouattara.
De nombreux citoyens fuient la brutalité de la guerre militaire, mais Aboudia choisit de rester et d'observer le conflit qui fait rage à proximité de son studio souterrain. Ému par ce dont il est témoin, il décide de garder une trace de cette violence et de cette dévastation en créant 21 toiles de grandes dimensions. Les œuvres extrêmement évocatrices, représentant des figures humaines éparpillées parmi des fusils, des crânes et des bâtiments rasés, donnent au reste du monde une image puissante des conflits en cours en Côte d'Ivoire. Elles sont ainsi souvent utilisées par les médias occidentaux lorsqu'ils couvrent la guerre.
Grâce au rayonnement international de son travail, l'intérêt pour l'œuvre d'Aboudia s'accélère. Sa première exposition en solo au Royaume-Uni a lieu en 2011 à la Jack Bell Gallery, alors que c'est la Ethan Cohen Gallery de New York en 2014 qui l'accueille à ses débuts aux sur le continent américain. Cette année-là, il participe aussi à la célèbre exposition collective Pangaea: New Art from Africa and Latin America à la Saatchi Gallery de Londres, qui proclamait ceci : « Nous vivons aujourd'hui un changement important alors que les artistes et collectionneurs [occidentaux] cherchent à explorer un nouvel art dans des régions situées en dehors de leur contexte géographique et historique immédiat pour trouver l'inspiration ». Faisant écho à cette déclaration, c'est à cette époque que les œuvres d'Aboudia commencent à trouver preneur chez certains des plus grands collectionneurs d'art internationaux, connaissant ainsi un véritable succès sur la scène artistique mondiale.
Étant aujourd'hui l'un des plus grands noms de l'art contemporain africain, Aboudia voit ses œuvres exposées entre autres au musée d'Art de Tel Aviv, au musée d'Art du Nevada et au Summer Show de la Royal Academy of Arts à Londres.
3.
Style
Le style distinctif d'Aboudia, que l'on rapproche du travail emblématique de Jean-Michel Basquiat, puise son inspiration dans la collision entre culture graffiti d'Abidjan et sculptures traditionnelles en bois d'Afrique de l'Ouest. Aboudia nomme ce style « nouchi », une référence à l'argot parlé dans les rues d'Abidjan, qui est un vocabulaire hybride ivoirien et français.
Malgré le thème qui l'a propulsé vers la célébrité, Aboudia rejette l'étiquette d'« artiste de guerre ». Pourtant, les paysages urbains en ruines restent un motif fondamental dans son travail, qui est souvent peuplé d'enfants s'efforçant de survivre parmi la violence et la dévastation. Aboudia est particulièrement intéressé par le lien entre les enfants des zones marginalisées et les graffitis en tant que mode de communication. Comme il l'explique, le graffiti est un moyen pour « ces enfants d'exprimer ce qu'il y a au plus profond d'eux. Parce que je suis aussi passé par là, l'idée m'est venue d’essayer de transmettre leur message en représentant leurs images sur toile ».
Les similitudes stylistiques entre Aboudia et le très convoité Jean-Michel Basquiat sont souvent citées, mais l'artiste ne connaissait pas les œuvres de Basquiat lorsqu'il a commencé à développer son langage visuel. Néanmoins, Aboudia – de façon peut-être un peu ironique – s'amuse de cette comparaison et a même commencé à introduire dans son travail des couronnes, un motif signature du lexique visuel de l'artiste américain.
Si l'art contemporain et ses commentaires sont sans aucun doute essentiels pour comprendre l'univers artistique d'Aboudia, ce dernier jette également un regard sur le passé artistique de son pays natal, s'inspirant souvent des masques africains traditionnels Nok et Grebo, qui lui servent de modèles pour ses figures humaines.
4.
Matériaux
Les matériaux employés par Aboudia sont une caractéristique importante de sa pratique, la majorité de ses œuvres présentant des couches épaisses de substances mixtes. Si les éléments figuratifs du travail d'Aboudia trouvent leur inspiration dans les graffitis de rue, ses matériaux sont aussi issus directement de la même rue. L'artiste emploie souvent des matériaux trouvés à l’extérieur ainsi que dans des poubelles, tels que du carton, du charbon, des pages de journaux et magazines déchirées, qu’il incorpore dans ses tableaux peints à l'acrylique.
5.
Le Marché
Aboudia apparaît pour la première fois aux enchères en mai 2013, lorsque Bonhams Londres vend deux de ses toiles dans sa vacation Modern & Contemporary African Art. Ses tableaux Nigga et Children sont alors chacun adjugés à 5 250 £.
Ce sont durant ces deux dernières années que sa cote a décollé. Selon Artnet, « En 2021, les compositions de l'artiste se sont vendues pour une valeur 75 % supérieure à leur estimation moyenne et 100 % des œuvres ont dépassé leur estimation haute ». En effet, les œuvres d'Aboudia ont été achetées par des collectionneurs parmi les plus reconnus au monde, notamment Jean Pigozzi, Frank Cohen et Charles Saatchi, qui a présenté les œuvres d’Aboudia à l’exposition Pangaea en 2014.
En mars 2022, son œuvre Untitled, datée de 2016, se vend 237 750 £ lors de la vente Art Moderne et Contemporain Africain de Bonhams à Londres, alors que son tableau Sans titre, daté de 2014, atteint 239 775 € la même année lors de notre vente aux enchères consacrée à l'art moderne et contemporain africain, à Paris. La prochaine vente aux enchères chez Bonhams Cornette de Saint Cyr qui aura lieu le 30 novembre, présentera des œuvres dont les estimations vont de 1 000 à 70 000 €.
« Les toiles brutalement énergiques d'Aboudia ont pris d'assaut le monde de l'art ces deux dernières années ; ses peintures expressives étant régulièrement adjugées à un prix dix fois supérieur aux estimations. L'intérêt des collectionneurs et des institutions pour l'acquisition de ces œuvres est fulgurant selon nos observations. Alors, si vous avez toujours voulu posséder une œuvre d'Aboudia, c'est le moment. »
Une sélection d'œuvres d'Aboudia sera proposée lors de notre prochaine vente aux enchères qui se tiendra le 30 novembre à Paris. Consultez la vente pour en savoir plus.

Lot 26. Abdoulaye Diarrassouba "Aboudia", Onuci, 2011. Estimation : 50 000 - 70 000 €.
Lot 26. Abdoulaye Diarrassouba "Aboudia", Onuci, 2011. Estimation : 50 000 - 70 000 €.

Lot 27. Abdoulaye Diarrassouba "Aboudia", Patrol Licorn, 2011. Estimation : 40 000 - 60 000 €.
Lot 27. Abdoulaye Diarrassouba "Aboudia", Patrol Licorn, 2011. Estimation : 40 000 - 60 000 €.

Lot 28. Abdoulaye Diarrassouba "Aboudia", Sans titre, 2011. Estimation : 40 000 - 60 000 €.
Lot 28. Abdoulaye Diarrassouba "Aboudia", Sans titre, 2011. Estimation : 40 000 - 60 000 €.

Lot 29. Abdoulaye Diarrassouba "Aboudia", War Weary, 2011. Estimation : 30 000 - 50 000 €.
Lot 29. Abdoulaye Diarrassouba "Aboudia", War Weary, 2011. Estimation : 30 000 - 50 000 €.

Lot 32. Abdoulaye Diarrassouba "Aboudia", Sant titre, 2018. Estimation : 12 000 - 18 000 €.
Lot 32. Abdoulaye Diarrassouba "Aboudia", Sant titre, 2018. Estimation : 12 000 - 18 000 €.
